Séparation de phospholipides

Les lipides du lactosérum sont constitués d'environ deux tiers de lipides neutres et d'un tiers de lipides polaires, qui sont essentiellement des phospholipides (Théodet et Gandemer, 1994). Comparativement aux autres sources de phospholipides disponibles sur le marché (principalement du soya), les phospholipides laitiers tirent leur originalité de la présence d'une proportion importante de sphingomyéline et de leur faible proportion en acides gras polyinsaturés (Théodet et Gandemer., 1994). La présence d'une forte proportion de sphingomyéline dans les lipides de la peau suggère un débouché possible pour les phospholipides du lactosérum en cosméceutique, par exemple, dans des crèmes raffermissantes ou anti-vieillissement.

Il y a trente ans, des chercheurs ont constaté que la réduction de la force ionique accompagnée d'une acidification chimique entraînait la formation de complexes lipoprotéiques qui pouvaient être ensuite séparés par décantation (De Wit et De Boer, 1975). La réduction de la force ionique était réalisée par déminéralisation à l'aide de résines échangeuses d'ions ou d'électrodialyseurs ou encore par diafiltration. Cette acidification de la solution et cette baisse de la force ionique ont été obtenues en une seule étape grâce à l'électroacidification avec membranes bipolaires (ÉAMBP) (Lin et al., 2004; demande de brevet n°60/562,550). Les précipitats ont été caractérisés après centrifugation des échantillons traités par procédés électrodialytiques. Les premiers résultats ont montré que l'ÉAMBP améliore le taux de précipitation des lipides de près de 50 % par rapport à la centrifugation (30 % des lipides précipitent suite à une centrifugation précédée d'une EAMBP, vs 20 % avec une centrifugation seule). Les précipitats sont composés essentiellement de lipides, mais aussi de protéines avec lesquelles les lipides forment vraisemblablement des complexes mettant en jeu des liaisons électrostatiques. Des résultats récents démontrent la production de trois fractions lipidiques au cours du procédé et des taux de récupération des lipides résiduels allant jusqu'à 73 % ainsi que des taux de précipitation de protéines inférieurs à 10 %. Ce procédé permettrait la production de fractions phospholipidiques intéressantes en cosméceutique, et d'une fraction enrichie en protéines suite à la délipidation et à la déminéralisation, qui pourrait être utilisée soit comme ingrédient alimentaire pour ses propriétés fonctionnelles ou comme produit de départ pour la purification de ces fractions protéiques.